VOLUME 6

phrasé

Le phrasé est l’art de conduire un discours musical. Comme le phrasé du langage parlé qui traduit la pensée, le phrasé musical a une inflexion, un mouvement, une articulation, une respiration, une dynamique et une direction qui expriment une intention. Le mouvement corporel et l’utilisation de l’espace permettent à la fois de sentir le phrasé, d’en prendre conscience et de l’exprimer clairement et globalement. L’expérience du phrasé, une fois inscrite dans le corps, amène à une compréhension intime de la musique.

1A. marche 3/4 andante

Cette piste a été donnée en deux vitesses : la première, andante, est adaptée à la démarche d’un enfant. La seconde, lento, convient à la marche calme et réfléchie d’un adulte. 

Sa forme est un rondo : A B A C A + coda (C est une variation de B). Chaque phrase commence par une levée (anacrouse) sur le 3ème temps. Dans les parties A, la levée est de deux croches alors que dans les parties B et C, elle est d’une noire. Si son rôle reste de « mettre en route » la phrase/partie de phrase suivante, en même temps, elle définit par anticipation son mouvement, elle annonce la qualité de son énergie. 

  • Marcher au tempo de la pulsation et sentir l’effet du groupe de trois temps sur le corps : le changement de jambe sur le temps fort (1er temps) donne une belle sensation d’équilibre ; changer de direction après les cadences. Regarder ses camarades de classe en marchant, les saluer, apprécier la sensation de l’espace et le plaisir d’aller à la rencontre des autres. Imaginer aller quelque part pour que chaque phrase ait un sens.
     
  • Deux par deux : marcher ensemble avec un partenaire chaque fois qu’on entend le thème A ; marcher seul ou avec quelqu’un d’autre pendant les parties B et C.

Dans le contexte de l’enseignement aux personnes âgées (seniors), on pourrait commencer par la version plus rapide et leur demander ensuite d’adapter leur marche à la version plus lente. Marcher à une vitesse plus lente demandera une adaptation physique de tout le corps afin de rester en équilibre. La musique plus lente exige un pas « intentionnel » : il s’agit d’être conscient de la ligne mélodique qui donne une direction et une intention musicale à chaque phrase. 

8 ans et plus

1B. marche 3/4 lento

Cette piste a été donnée en deux vitesses : la première, andante, est adaptée à la démarche d’un enfant. La seconde, lento, convient à la marche calme et réfléchie d’un adulte. 

Sa forme est un rondo : A B A C A + coda (C est une variation de B). Chaque phrase commence par une levée (anacrouse) sur le 3ème temps. Dans les parties A, la levée est de deux croches alors que dans les parties B et C, elle est d’une noire. Si son rôle reste de « mettre en route » la phrase/partie de phrase suivante, en même temps, elle définit par anticipation son mouvement, elle annonce la qualité de son énergie. 

  • Marcher au tempo de la pulsation et sentir l’effet du groupe de trois temps sur le corps : le changement de jambe sur le temps fort (1er temps) donne une belle sensation d’équilibre ; changer de direction après les cadences. Regarder ses camarades de classe en marchant, les saluer, apprécier la sensation de l’espace et le plaisir d’aller à la rencontre des autres. Imaginer aller quelque part pour que chaque phrase ait un sens.
     
  • Deux par deux : marcher ensemble avec un partenaire chaque fois qu’on entend le thème A ; marcher seul ou avec quelqu’un d’autre pendant les parties B et C.

Dans le contexte de l’enseignement aux personnes âgées (seniors), on pourrait commencer par la version plus rapide et leur demander ensuite d’adapter leur marche à la version plus lente. Marcher à une vitesse plus lente demandera une adaptation physique de tout le corps afin de rester en équilibre. La musique plus lente exige un pas « intentionnel » : il s’agit d’être conscient de la ligne mélodique qui donne une direction et une intention musicale à chaque phrase. 

8 ans et plus

2. phrasé et cadence

La ligne mélodique de cette pièce se chante facilement ; en chantant avec le piano, les élèves pourront facilement identifier les phrases. Sentir la durée des phrases. Trouver les deux « exceptions ». 

  • Dessiner la ligne mélodique en suivant ses courbes, sa respiration et ses inflexions soit debout sur place, soit en marchant librement (« en chantant avec ses pieds ») ; exprimer avec tout le corps et le visage comment se termine chaque phrase (dans un contexte verbal, la ponctuation serait-elle un point d’interrogation, une virgule ou un point ?). Chanter chaque phrase clarifiera instinctivement la question de la ponctuation.
  • Faire passer une phrase d’une personne à une autre en marchant chaque note de la phrase et en arrivant à la personne choisie sur la dernière note. Cet exercice peut se faire en cercle ou en étant espacé librement dans la pièce.
     
  • On peut aussi apporter un objet imaginaire et le présenter sur la dernière note de la phrase, avec l’expression liée à la cadence musicale. La personne qui reçoit la phrase prend le relais et présente la phrase suivante à une autre.

8 ans et plus

3. phrases en 4/4.mp3

Ici, le piano indique clairement la durée des phrases par un court silence. Les phrases sont courtes, moyennes ou longues. Elles commencent toutes sur un temps fort (pas d’anacrouses) ; elles terminent souvent de manière interrogative, avec diverses nuances expressives qui stimulent l’imaginaire et incitent à développer un discours intérieur ou la mise en scène d’un dialogue. Les silences font aussi partie de la musique et doivent être autant « habités » que les sons.

  • Dessiner chaque phrase par le mouvement corporel, couché, assis ou debout. Porter attention à la durée de la phrase et à l’expression de chaque terminaison : travailler l’expression corporelle et théâtrale de toutes ces phrases interrogatives. Comment chaque personne ressent-elle et exprime-t-elle avec son corps et son visage ces nuances musicales ?
  • Développer une interaction entre deux personnes :
     
  • En cercle, marcher et passer un objet à quelqu’un sur le dernier son de la phrase. La personne prend l’objet et, partant sur le premier son de la phrase suivante, va l’apporter à quelqu’un d’autre. Jouer avec l’espace et le temps en adaptant la longueur du déplacement au temps imparti (la longueur de la phrase).
     
  • Selon le même principe, l’échange peut se faire à deux, dans un dialogue plus théâtral, sans objet, en développant une intention intérieure, comme dans un mime.

Pour les enfants ayant une expérience musicale et une bonne capacité d’écoute.

4. phrases irrégulières

Les pistes précédentes de ce volume présentent des phrases dont la longueur est de 2 – 4 – 8 mesures. Ce morceau, en 2/4, présente également des phrases de 3 mesures. La structure du phrasé est la suivante :

3 mesures deux fois, 2 mesures deux fois, 4 mesures une fois ;
3 mesures deux fois, 2 mesures deux fois, 4 mesures deux fois.

Avant d’effectuer toute forme d’analyse, l’enseignant doit se donner le temps, ainsi qu’aux élèves, d’écouter la musique et de sentir instinctivement le début, la longueur et la fin de chaque phrase.

  • Frapper doucement la dernière note de chaque phrase. Faire de même en frappant sur son corps :
  • choisir deux points différents sur le corps comme point de départ et point d’arrivée, et dessiner clairement le phrasé entre un point et le suivant.
     
  • choisir à nouveau un point de départ et l’enseignant, ou un enfant, désigne le point d’arrivée. Faire voyager le bras et la main en suivant la forme du phrasé. Alterner le bras droit et le bras gauche.
  • Marcher avec un ami et changer d’ami au début de la phrase suivante. Les élèves plus expérimentés peuvent marcher avec un ami qui n’est pas forcément à côté d’eux, en favorisant le contact par le regard.
  • Par deux : A marche, dessinant avec ses pas un chemin sur le sol ; B suit ce chemin pendant la phrase suivante. Ou bien B fait le chemin inverse.
  • Sculptures dans un jardin : sur place, isoler une ou deux parties du corps (selon les indications de l’enseignant) ; déplacer alternativement l’une puis l’autre partie, en changeant au fil des phrases. Les élèves peuvent ensuite choisir eux-mêmes deux parties différentes, en les faisant bouger librement au gré de la musique.
  • Après avoir changé sa forme sur place, la sculpture peut se déplacer dans l’espace lorsque la musique le suggère. Certains phrasés peuvent être interprétés différemment par les élèves : dans ce cas, si l’on suit l’articulation de la mélodie, certaines phrases seront ressenties comme deux fois plus courtes. Mais si l’on écoute la ligne de base, les phrases peuvent être entendues comme plus longues.
     
  • Le chef d’orchestre (solo) et l’orchestre (tutti) bougent sur place simultanément : le chef d’orchestre indique une direction pour chaque phrase avec ses bras, et le groupe se déplace avec tout le corps ou avec une partie isolée du corps dans la direction indiquée par le chef d’orchestre.

8 ans et plus

5. phrasé nuances dynamiques et rubato

Cette musique est caractérisée par une sorte d’élasticité créée par le mouvement de crescendo/decrescendo, qui culmine dans un pic dynamique et mélodique.

  • Écouter la musique et trouver les temps forts (phrasé de 8 temps et parfois de 4+4).
     
  • Bouger de manière instinctive avec les changements de couleurs des harmonies (obscures, légères …) et les nuances dynamiques, en laissant le corps suivre le mouvement de « rubato » : plus les harmonies sont intenses, plus on est proche du sol et plus elles sont légères plus on s’élève. Chaque phrase étant composée d’un crescendo et d’un diminuendo, ce sentiment d’intensité croissante et de relâchement doit être ressenti et exprimé dans le corps.
  • Tenir un bâton de 50 cm entre ses deux mains pour sentir et donner forme au mouvement corporel.
     
  • Deux par deux, tenir le bâton par l’une de ses extrémités avec un doigt ou dans la paume (sans le saisir) ; chaque partenaire à son tour initie le mouvement en poussant le bâton selon la dynamique de la phrase.
  • Faire un seul cercle avec toute la classe : l’agrandir avec le crescendo et le rapetisser avec le diminuendo. On pourrait aussi imaginer le mouvement opposé : diminuendo = plus de distance, crescendo = se rapprocher en levant les bras.
  • Frapper 8 fois dans une direction (en exprimant la ligne musicale) et dessiner une ligne durant les 8 prochains temps, ou jusqu’à la fin de la phrase si celle-ci est plus longue. Continuer en alternant les deux activités et en adaptant l’alternance frapper/dessiner également aux phrases plus courtes.
     
  • Marcher et bouger comme on le sent ; dessiner les phrases et les dynamiques dans l’espace. Sans suivre les rythmes, exprimer la musique par le mouvement de tout le corps en suggérant l’ouverture du crescendo et le relâchement du diminuendo.

9-10 ans et plus

6. fugato

Cette pièce est caractérisée par un thème rythmique répété plusieurs fois, soit dans l’aigu, soit dans la basse. Dans la première partie, ce thème commence toujours sur le deuxième temps d’une mesure à quatre temps, plus tard, à quelques reprises seulement, il commence sur le quatrième temps. 

Cette improvisation se prête à une série de jeux d’écoute et développe notamment la mémoire musicale.

  • Assis, lever la main chaque fois qu’on entend le motif musical.

Cet exercice d’écoute peut déjà se faire à deux, l’un réagissant au motif dans l’aigu et l’autre dans le grave. Changer les rôles. 

  • Individuellement, frapper le rythme chaque fois qu’on l’entend.
  • Puis distinguer le grave de l’aigu en frappant le rythme du motif sur les jambes (basse) ou dans les mains (aigu). 

Noter que l’on ne peut pas attendre des élèves qu’ils répondent immédiatement tant qu’ils ne sont pas encore familiarisés avec la musique.

  • Marcher la pulsation (un temps = un pas) et changer de direction à chaque motif par un virage circulaire. (Pour les enfants, nous pourrions utiliser l’image d’un rond-point, où la voiture y entre d’une direction, suit son virage et sort dans une autre direction).
     
  • En petits groupes, chacun son tour crée un mouvement libre sur le motif, peu importe s’il est à la basse ou au soprano. (Nous suggérons de petits groupes afin que chaque enfant n’attende pas trop longtemps son tour.)
  • Diviser la classe en deux groupes 1 = basse 2 = aigu : frapper le rythme quand c’est son tour ; changer les rôles.
     
  • Par deux (A = aigu, B = basse), côte à côte, se donner la main et marcher ensemble la pulsation. Lorsque le motif est entendu dans les aigus, B fait tourner A une fois sur place, sans lâcher la main. Puis ils continuent à marcher ensemble dans la même direction. Vice versa lorsque le motif apparaît dans les basses. Encourager les enfants à rechercher une belle qualité de mouvement afin que cet exercice ressemble à une danse.
  • Par une écoute plus consciente maintenant, identifier les quelques endroits où le thème commence sur le quatrième temps. Pour cela, il faut que les enfants sachent battre la mesure à quatre temps. 

Au début, les exercices ci-dessus seront vécus plusieurs fois avec un élément de surprise, mais une fois que les enfants connaissent bien le morceau, ils peuvent anticiper les « virages musicaux ».

Cette musique peut être utilisée pour des exercices simples avec de jeunes enfants, ou pour une écoute plus élaborée avec une classe plus âgée ou plus expérimentée.

7 ans et plus

7. chanter en écho

Ce morceau consiste en une série de quatre phrases en 12/8, toutes de la même longueur. L’introduction jouée dans l’aigu indique la mesure et le tempo. Chaque phrase commence par une levée (anacrouse). Après chaque phrase, il y a un temps équivalent sans la mélodie où les enfants sont invités à répéter en écho ce qu’ils viennent d’entendre.

Il s’agit d’un exercice de réaction rapide et de mémoire. 

  • Commencer par demander aux enfants de sautiller avec la musique et de s’arrêter exactement sur le dernier temps.
     
  • Jouer ensuite chaque phrase et leur demander de la chanter en écho (mélodie et rythme).
     
  • Ils pourront ensuite associer les deux activités : chanter et sautiller en écho sur les quatre phrases.
     
  • Identifier le premier temps en frappant sur les genoux. Pour les élèves plus avancés, marcher la pulsation, battre la mesure et chanter la mélodie (ne pas oublier la levée !).
     
  • Pour préparer la dictée, aider les élèves à identifier la dernière note de chaque phrase et la première note de la phrase suivante : la phrase 1 se termine sur DO et la phrase 2 commence sur DO ; la phrase 2 se termine sur SI bémol et la phrase 3 commence sur LA bémol. Ce travail est plus précis et minutieux que ne l’exige la répétition d’une phrase entendue et convient aux élèves plus avancés ou aux élèves d’une école de musique.
  • Les élèves qui ont de l’expérience en matière d’écoute et de dictée pourraient être invités à reprendre les phrases entendues en utilisant le nom des notes.

La conclusion de la pièce a été créée simplement pour mettre fin à l’exercice. On peut la chanter en écho, accompagné par le piano. 

8 ans et plus

8. noires et rythmes syncopés

Cette pièce est construite sur l’alternance de mesures de 4 temps réguliers avec des mesures d’un motif syncopé.

  • Ressentir la différence entre la linéarité des noires et l’ondulation et la suspension de la syncope en marchant sur ce qu’on entend (une note = un pas) et en tournant ou en pivotant sur le deuxième temps (note longue) du rythme syncopé.

Une autre manière de ressentir le rythme syncopé serait de marcher les temps 1 et 4 en avant et le temps 2 en arrière. Trouver un moyen de souligner le premier temps (plier le genou, changer de direction) pour éviter de déplacer la sensation du temps fort vers la note longue.

  • Faire les pas du rythme syncopé latéralement, en croisant un pied devant l’autre sur le temps 2. Adapter l’utilisation de l’énergie et de l’espace au tempo de la musique.
     
  • Exercice de réaction rapide : avec une bonne connaissance de ce morceau, l’enseignant-e peut l’utiliser comme un exercice de « hop ». Chaque fois qu’il/elle dit « hop » sur le premier temps d’une mesure syncopée, les élèves font un pas en arrière (ce pas tombe exactement sur le deuxième temps).

Apprendre la structure de la pièce afin d’anticiper les changements et de les intégrer de manière fluide pour les apprécier davantage. 

Considérons la mesure à 4/4 à un tempo rapide :

4 mesures de 4 noires / 4 mesures de syncopes, quatre fois
2 mesures de 4 noires / 2 mesures de syncopes, deux fois
1 mesure de 4 noires / 1 mesure de syncope, huit fois. 

Deuxième partie identique, SAUF le début :  

4 mesures de 4 noires / 4 mesures de syncopes, une seule fois
2 mesures de 4 noires / 2 mesures de syncopes, deux fois
1 mesure de 4 noires / 1 mesure de syncope, huit fois. 

8 ans et plus

9. canon rythmique

Cette musique est en 9/8 : on entend successivement une mesure rythmique (mesure active) et une mesure d’une note longue (mesure passive). L’alternance entre les mesures actives et passives crée la possibilité d’exercices en canon d’une mesure. 

  • Commencer simplement par marcher les temps et battre la mesure en prenant le temps de bien écouter le rythme et la mélodie. Intérioriser rythme et mélodie – en sollicitant l’écoute intérieure – en répétant le rythme (sans voix) une mesure plus tard (canon rythmique).
  • Ensuite, marcher les temps et frapper le rythme une mesure plus tard.
  • Puis marcher le rythme une mesure plus tard (chaque valeur = un pas, faire un sautillé sur les rythmes pointés).
  • Pour les élèves avancés : battre la mesure en marchant le rythme en canon. 

Pour des enfants expérimentés ayant une bonne capacité de concentration

10. suite

Fantaisiste, cette suite fait appel à la créativité du mouvement et à une interprétation imaginative. Elle est construite en trois sections. La première ne comporte qu’une seule démarche : le sautillé. 

  • Pendant cette longue séquence, l’enseignant doit donner des instructions au fur et à mesure que la musique progresse. Par exemple :  alterner entre sautillés (sur le rythme du trochée*) et marche (pulsation des temps) librement dans l’espace.

On peut aussi marcher deux par deux, côte à côte, ou face à face en faisant 4 pas en avant et 4 en arrière, ou encore suivre les nuances dynamiques en se rapprochant avec un crescendo et s’éloignant avec un diminuendo (ou le contraire). 

  • La seconde partie est un rythme (anapeste*) à frapper ou à marcher.
  • La troisième, proche de la fin, est ludique et plus complexe et peut être traitée librement, en mimant par exemple une personne qui cherche quelqu’un ou quelque chose et finit par disparaître dans la brume … 

Inciter les enfants à imaginer leurs propres histoires et créer leurs mouvements, seuls ou avec d’autres, en fonction de ce que la musique leur inspire.

* Trochée = long-court   
* Anapeste = court-court-long   
(cf volume 3 : rythmes de base)

7 ans et plus